Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le dit du

18 juillet 2009

SYLVIA PLATH "arbres d'hiver"



WUTHERING HEIGHTS



Les horizons m'encerclent comme des fagots
Qui penchent, disparates, et pour toujours instables.
Il suffirait d'une allumette pour qu'ils me réchauffent
Et que leurs lignes fines
Rougissent l'air
Lestant le ciel pâle d'une couleur plus sûre,
Avant que les lointains qu'elles fixent ne s'évaporent.
Mais ils ne font que se dissoudre et se dissoudre
Comme une succession de promesses, à mesure que j'avance.


Nulle vie ne s'élève au-dessus de l'herbe
Ou du cœur des moutons, et le vent
Vient se déverser comme la destinée, courbant
Chaque chose dans une seule direction.
Je sens bien qu'il s'efforce .
D'aspirer ma chaleur pour l'emporter.
Si j'accorde aux racines de la bruyère
Une trop grande attention, elles finiront par m'inviter
A blanchir mes os parmi elles.


Les moutons eux savent où ils sont,
Ils paissent dans leurs nuages de laine sale,
Aussi gris que le temps.
Les fentes noires de leurs pupilles m'absorbent.
C'est comme d'être expédiée dans l'espace par la poste
Message stupide, insignifiant.
Ils restent là dans leur costume de grand-mère,
Boucles postiches et dents jaunes
Et bêlements de marbre, durs.

Je rencontre des ornières, et de l'eau
Limpide comme les solitudes
Qui fuient entre mes doigts.
Des seuils creux tour à tour apparaissent dans l'herbe;
Linteaux et perrons se sont désassemblés.
Des gens, l'air ne se souvient que
De quelques étranges syllabes.
Il les répète en gémissant:
Pierre noire, pierre noire.

Le ciel s'appuie sur moi, moi, la seule à être debout
Parmi toutes les horizontales.
Les herbes affolées battent et se cognent.
Elles sont trop délicates
Pour vivre en telle compagnie;
L'obscurité les terrifie.
Maintenant, dans des vallées aussi étroites
Et sombres que des poches, les lumières des maisons
Luisent comme de la petite monnaie.

Publicité
Publicité
Publicité